Le régulateur malien des médias a ordonné la suspension définitive de la radio RFI et de la chaîne de télévision nationale France 24, un mois après que la junte militaire au pouvoir a accusé les agences de presse de rapporter de « fausses allégations » d’exactions commises par l’armée malienne. La maison mère des diffuseurs, France Médias Monde (FMM), « s’est vivement opposée » à cette décision.
Radio France International et la chaîne de télévision sœur France 24 sont suspendues au Mali depuis le 17 mars. Le régulateur des médias du pays ouest-africain, la Haute Autorité de la communication, a déclaré mercredi que sa suspension serait « définitive ».
Les radiodiffuseurs français sont des filiales de FMM, une société holding publique. Ils sont suivis par un tiers de la population malienne.
En réponse à l’ordonnance du régulateur, FMM a déclaré qu’elle « s’oppose fermement » à la décision et « examinera toutes les voies d’appel ». Le groupe a également réitéré son « ferme attachement à l’indépendance et à la liberté des médias ».
FMM a déclaré qu’il continuerait à couvrir l’actualité au Mali. Il s’est engagé à fournir des solutions techniques pour garantir que des millions de personnes continuent d’avoir accès aux radiodiffuseurs.
stratégie de déstabilisation
La junte militaire malienne accuse RFI et France 24 d' »une stratégie préméditée visant à déstabiliser le processus de transition politique, à affaiblir le moral du peuple malien et à discréditer l’armée malienne ».
Le conseil militaire a mené deux coups d’État depuis août 2020. Il a été accusé de violations par plusieurs groupes de défense des droits humains, notamment en Rapport du 15 mars par Human Rights Watch, qui accuse les soldats maliens d’être responsables de la mort d’au moins 17 civils depuis début décembre.
Les allégations d’abus au Mali ont également été rapportées par la Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, Michelle Bachelet, puis rapportées par RFI et France 24.
Le gouvernement français avait décrit la suspension initiale des diffuseurs français par le Mali comme une grave atteinte à la liberté de la presse.
« Je condamne fermement cette décision, qui me semble totalement contraire aux valeurs défendues par le peuple malien depuis son indépendance », a déclaré le président Emmanuel Macron lors d’une conférence de presse.
Plus tôt cette année, la France a annoncé le retrait de ses forces du Mali après l’effondrement des relations avec la junte militaire.
Les forces françaises au Mali étaient en mission militaire, combattant Al-Qaïda et des groupes djihadistes liés à l’État islamique dans la région du Sahel.