Le président français Emmanuel Macron a insisté mercredi sur le fait que l’envoi par la France d’une frégate à Taïwan démontrait son engagement en faveur de la sécurité régionale, mais a doublé ses remarques selon lesquelles la France ne serait pas « subordonnée » en suivant les extrémistes américains dans un conflit sur l’île démocratique.
« Être alliés ne signifie pas être subordonnés… Ce n’est pas parce que nous sommes alliés, ce n’est pas parce que nous faisons ensemble des choses que nous décidons de faire, que nous n’avons pas le droit de penser par nous-mêmes que nous suivrons le plus extrême des gens dans un pays qui nous est allié », a déclaré Macron. Il a dit Lors d’une conférence de presse conjointe avec le Premier ministre néerlandais Mark Rutte lors d’une visite aux Pays-Bas.
« Quand on regarde les faits, la France n’a de leçons à tirer de personne, ni sur le théâtre ukrainien, ni sur le théâtre sahélien, ni sur le théâtre taïwanais », a déclaré Macron.
Ses commentaires interviennent après qu’il a déclaré aux journaux Politico et Les Echos français que l’Europe devrait éviter de se laisser entraîner dans des conflits qui ne sont pas son affaire et ne pas agir comme des « suiveurs » des États-Unis lorsqu’il s’agit de défendre Taïwan. Ses remarques concernaient profondément l’alliance transatlantique, tout comme les États-Unis fournissent la part du lion de l’aide militaire à l’Ukraine, tandis que la Chine communiste prend des mesures de plus en plus agressives à l’encontre de Taiwan.
La Chine considère l’île comme faisant partie de son territoire, une affirmation que Taipei a rejetée. « Le paradoxe est que, si nous sommes pris de panique, nous pensons que nous ne sommes que des partisans de l’Amérique », a déclaré Macron dans l’interview.
Répondant aux questions répétées sur les commentaires, le président français a déclaré que sa position était « très claire » et a fait valoir que son commentaire n’avait pas déclenché de réaction de la Maison Blanche.
La position de la France et des Européens est la même qu’à Taïwan. Macron a déclaré : Nous soutenons le statu quo et cette politique est cohérente, elle n’a pas changé, c’est la politique d’une seule Chine et la recherche d’un règlement pacifique de la question. Le rôle des alliés.
Tout en défendant Macron, le ministre français de l’Economie Bruno Le Maire a accusé mercredi Washington d’appliquer deux poids deux mesures en matière de commerce avec la Chine.
« Certains disent, par exemple aux Etats-Unis, qu’il faut complètement séparer les économies occidentales, américaines ou européennes, de l’économie chinoise. Ce que je constate, c’est que le volume des échanges entre la Chine et les Etats-Unis n’a jamais été aussi élevé… Nous demandons à l’Europe d’abandonner le commerce qui s’est accru entre les États-Unis et la Chine, nous ne voulons pas être les idiots du village, qui s’en mêlent et laissent d’autres puissances commercer avec la Chine alors que nous n’en avons plus le droit. «
Le Maire a refusé de répondre aux journalistes qui lui ont demandé s’il se rendrait à Taiwan s’il y était invité.