Google a été condamné à une amende de 500 millions d’euros (593 millions de dollars) en France après que le géant de la recherche n’a pas respecté un ordre de conclure un accord équitable avec les éditeurs pour utiliser leur contenu d’actualités sur sa plateforme.
L’unité Alphabet a ignoré une décision de 2020 de négocier de bonne foi pour afficher des extraits d’articles sur le service Google News, a indiqué mardi l’Autorité de la concurrence. L’amende est la deuxième sanction antitrust la plus importante en France pour une seule entreprise.
La France n’est pas la seule à essayer de tenir les géants de la technologie responsables de leur utilisation de l’information. Plus tôt cette année, l’Australie a demandé aux géants du numérique comme Facebook et Google de payer les éditeurs locaux pour les informations. Google paie de plus en plus les éditeurs, mais à ses propres conditions, en offrant à Google News 1 milliard de dollars pour diriger les lecteurs vers le contenu d’actualités.
L’entreprise est confrontée à une attaque mondiale alors que les régulateurs du monde entier resserrent l’examen des plus grandes entreprises technologiques du monde, en examinant leurs activités de publicité, d’applications et de recherche. En Russie, Google cherche à obtenir un règlement à l’amiable après une décision de justice l’obligeant à débloquer le compte YouTube d’une chaîne de télévision détenue par un partisan approuvé par les États-Unis du président Vladimir Poutine.
« L’amende de 500 millions d’euros tient compte de la gravité exceptionnelle des infractions constatées », a déclaré Isabel de Silva, directrice de l’agence française.
Un porte-parole de Google s’est dit « extrêmement déçu » de la décision et a estimé qu’elle « avait agi de bonne foi tout au long du processus ». Google a ajouté qu’il était sur le point de conclure un accord avec l’AFP qui comprendrait un accord de licence mondial.
Google peut faire appel de l’annonce de la sanction de mardi.
La confrontation entre Google et les propriétaires de journaux et de services de télégrammes se fait attendre depuis longtemps. Les éditeurs européens paient les régulateurs depuis plus d’une décennie pour gérer le pouvoir de Google, qui a généré des milliards d’euros de revenus publicitaires. Des plaintes ont été déposées en France en 2019 par des groupements représentant des journaux et magazines ainsi que l’Agence France-Presse.
L’amende de mardi est la dernière démonstration de force du régulateur français alors qu’il est en concurrence avec ses homologues de l’Union européenne et de l’Allemagne pour être le régulateur le plus puissant de la région pour les entreprises technologiques américaines.
Ces dernières années, l’autorité a eu tendance à ordonner des changements de comportement avant la fin des enquêtes, qui peuvent durer des années. Bien que cela ait incité d’autres agences antitrust à imiter cette tactique, contester Google pourrait les mettre en danger.
Plus tôt cette année, Google a conclu un accord pour récompenser un groupe de journaux français – l’Alliance de la Presse d’Information Générale. Des entretiens ont également eu lieu avec les propriétaires des magazines et l’Agence France-Presse.
Mais de Silva a déclaré que les organisateurs avaient rejeté le bonus de Google comme étant « négligeable ». Le géant de la technologie a été critiqué pour avoir proposé de payer le même montant pour le contenu journalistique que pour les listes de dictionnaires ou les informations météorologiques.
Dans le cadre de la décision de mardi, Google a été sommé d’entamer des négociations dans les deux mois suivant les nouvelles demandes des éditeurs de presse des plaignants sous peine d’amendes journalières pouvant atteindre 900 000 euros par jour.
Google pourrait risquer une nouvelle attaque dans le cas des nouvelles, car les régulateurs français devraient rendre une décision sur le fond de l’affaire, qui pourrait également inclure des amendes, à la fin de l’année.
Les entreprises de la Silicon Valley ont fait l’objet d’un examen minutieux français ces dernières années. Google a accepté le mois dernier de payer une amende de 220 millions d’euros pour régler une enquête qui a renversé son pouvoir sur la publicité en ligne, et a été condamné à une amende de 150 millions d’euros en 2019 dans une affaire portant sur sa plateforme publicitaire Google.
Et une amende de 1,1 milliard d’euros a été infligée l’année dernière à Apple après que la société américaine ait été critiquée pour ses accords anticoncurrentiels avec deux distributeurs concernant la vente de produits non-iPhone tels que les ordinateurs Apple Mac. Apple fait appel de la sentence.