Alors que l’Europe trace une nouvelle voie énergétique en l’absence d’approvisionnement russe, il convient de s’intéresser de plus près à l’un des moteurs essentiels de la reprise du continent : la France.
Le pays possède le plus grand parc de réacteurs nucléaires d’Europe, et sa capacité à se remettre d’une vague prolongée d’arrêts et de maintenance est essentielle alors que la région diversifie son approvisionnement énergétique. Mais il y a des signes persistants que ce n’est peut-être pas si facile, alors même que la production atomique en France augmente après avoir chuté l’année dernière à son plus bas niveau depuis 1988.
Electricité de France SA a connu cette semaine un arrêt non planifié de son unité de Paluel-4 en Normandie et a prolongé de 10 jours, jusqu’au 7 mars, l’arrêt de son réacteur de Chooz-2 près de la Belgique.
La société a également retardé le redémarrage de son réacteur Flamanville-1 dans l’ouest de la France, en raison de préoccupations concernant une éventuelle corrosion dans le tube de refroidissement d’urgence. (EDF soupçonne un défaut de soudure.) L’unité, qui était hors service depuis avril, devait reprendre du service le mois prochain. Maintenant, cela n’arrivera pas avant au moins début juin.
Les données du gestionnaire de réseau RTE montrent que les réacteurs nucléaires français fonctionnent désormais à environ 70 % de leur capacité. C’est à peu près le même niveau qu’il y a un an. Cependant, sa production nucléaire est historiquement faible par rapport à la moyenne 2018-2022.
Ces problèmes surviennent à un moment de grande incertitude quant à l’avenir de l’énergie nucléaire. L’Allemagne prévoit de fermer ses derniers réacteurs restants en avril, après avoir prolongé leur utilisation pour aider le pays à surmonter une crise énergétique cet hiver. La Belgique a récemment arrêté définitivement deux de ses sept réacteurs.
Et les nouvelles unités, du moins du type traditionnel et volumineux, coûtent des milliards de dollars à construire et accusent souvent des années de retard. EDF a retardé le démarrage d’un nouveau réacteur à Flamanville de plusieurs mois, jusqu’en 2024, en raison des travaux prolongés, suite au retard.
La France a toujours été un exportateur net d’électricité vers ses voisins, bien que la vague d’arrêts et de maintenance nucléaires de l’année dernière ait bouleversé ce modèle. Si de tels problèmes persistent dans la production d’énergie atomique, il faudra compter davantage sur d’autres sources d’énergie.
Plus tôt ce mois-ci, la France a adopté une loi pour accélérer le développement des énergies renouvelables, bien que les critiques préviennent qu’elle pourrait en fait ralentir les projets solaires et éoliens terrestres en raison de problèmes de localisation.
Le pays a également connu sa pire sécheresse hivernale jamais enregistrée, sans pluie pendant plusieurs semaines. Cela cause plus de problèmes aux producteurs hydroélectriques alors qu’ils sont aux prises avec les changements climatiques. L’année dernière, la production hydroélectrique du pays est tombée à son plus bas niveau depuis 1976 au milieu d’une sécheresse qui a également touché d’autres parties de l’Europe.
Cependant, il existe des points positifs potentiels. Les responsables d’EDF ont déclaré qu’ils prenaient des mesures pour s’assurer que le parc de réacteurs est en parfait état pour l’hiver à venir. La société s’attend à ce que sa production atomique soit de l’ordre de 300 à 330 TWh cette année, après être tombée à 279 TWh l’an dernier.
Pendant ce temps, les stocks de gaz naturel en France sont toujours supérieurs à la normale pour cette période de l’année. En fait, BloombergNEF s’attend à ce que la région périphérique européenne – y compris le nord-ouest du continent – remplisse tout son inventaire d’ici la mi-septembre. Cela pourrait alléger la pression exercée sur d’autres formes d’énergie, y compris les énergies nucléaires et renouvelables.
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