Le président français Emmanuel Macron rencontre des artistes congolais à l’Institut français de Luanda le 4 mars 2023. – Le président français est à Kinshasa pour la quatrième et dernière étape de sa tournée africaine. (Photo Ludovic Marin/Pool/AFP)
PARIS : Les syndicats français se dirigent vers ce qui devrait être une confrontation décisive avec le président Emmanuel Macron sur la réforme des retraites, avec des grèves de masse à partir de mardi visant à mettre le pays « à l’arrêt ».
Après cinq jours distincts de manifestations jusqu’à présent cette année, les grèves de cette semaine annoncent une nouvelle phase dans la bataille entre le gouvernement centriste et les opposants aux changements, qui impliquent une écrasante majorité de l’électorat français.
Felipe Martinez, président de l’influent syndicat CGT, a déclaré à L.L.C Journal du Dimanche Journal du dimanche. Ce sera le cas mardi.
Le pays devrait assister à plus de 260 manifestations, dont beaucoup dans des villes petites et moyennes où il y a une forte opposition à la réforme, tandis que les grèves affecteront les transports, le secteur de l’énergie et les services publics.
Une source a déclaré à l’AFP, sous couvert d’anonymat, que la police s’attend à ce qu’entre 1,1 et 1,4 million de personnes descendent dans la rue.
L’extrémité supérieure de cette fourchette marquerait la plus grande journée de manifestations depuis des décennies, supérieure aux 1,27 million de personnes qui se sont rendues aux manifestations du 31 janvier et supérieure aux précédentes manifestations de réforme des retraites en 2010.
Les syndicats représentant les travailleurs des chemins de fer nationaux, du métro parisien et du secteur de l’énergie, y compris les raffineries, ont appelé pour la première fois à des grèves roulantes, auxquelles d’autres industries devraient se joindre.
Les huit principaux syndicats ont appelé à une grève nationale mardi, les commerçants étant encouragés à fermer leurs portes.
Certains camionneurs devraient commencer à arrêter le travail à partir de dimanche soir, avec la possibilité de blocages dans certaines installations industrielles et d’opérations « ralenties » pour entraver la circulation sur les routes principales.
Le plan de Macron visant à relever l’âge officiel de la retraite de 62 à 64 ans est une politique clé de son deuxième mandat, qui a commencé l’année dernière après avoir battu la dirigeante d’extrême droite Marine Le Pen.
L’homme de 45 ans a qualifié le changement de « nécessaire » en raison du déficit attendu du système pendant la majeure partie des 25 prochaines années, selon une analyse de l’Independent Pensions Ombudsman.
La France est également à la traîne de ses voisins et d’autres grandes économies européennes, l’âge de la retraite ayant déjà été relevé à 65 ans ou plus pour refléter une espérance de vie plus élevée.
Mais les opposants considèrent les changements comme injustes, pénalisant les travailleurs peu qualifiés qui commencent leur carrière tôt, tout en restreignant le droit aux loisirs et à une longue retraite en fin de vie active.
Le ministre du Travail Olivier Dussopp a insisté dans une interview samedi sur le fait que 1,8 million de retraités à faible revenu verraient leurs pensions augmentées jusqu’à 100 euros (106 $) par mois à partir de septembre si la réforme est mise en œuvre.
« Cela ne va pas les rendre riches, mais c’est un grand effort qui n’a pas été fait malgré la publicité au cours des 20 dernières années », a-t-il déclaré.
Le temps presse pour que les syndicats et autres opposants à la réforme obligent le gouvernement à faire demi-tour.
Au milieu d’une rhétorique intransigeante des dirigeants syndicaux, le patron de la branche CGT de la chimie et du raffinage du pétrole, Emmanuel Lépine, s’est dit prêt à « mettre l’économie française à genoux ».
Malgré les grèves dans les raffineries qui ont provoqué des pénuries massives de carburant en octobre de l’année dernière, « je ne pense pas que nous verrons des mouvements irresponsables ou perturbateurs », a déclaré dimanche le ministre des Transports Clement Bonn.
La législation a déjà été débattue à la chambre basse de l’Assemblée nationale et est actuellement débattue au Sénat, où elle devrait être amendée mais approuvée.
Un vote final des deux chambres est attendu de la mi-mars au 26 mars au plus tard.
Macron a fait face à de nombreux défis de la part des syndicats dans le passé et a réussi presque sans exception à faire avancer son programme pro-entreprises et les réformes de la sécurité sociale.
L’ancien banquier d’affaires, souvent accusé d’être déconnecté, a chargé le Premier ministre Elizabeth Bourne d’être le visage de la réforme des retraites et de mener les négociations avec les partis d’opposition et les dirigeants syndicaux.
Interrogé sur les grèves samedi alors qu’une tournée des pays africains s’achevait, Macron a déclaré qu’il n’avait « rien de nouveau à dire » sur le sujet.
Les alliés s’attendent à ce qu’il s’implique plus directement dans les semaines à venir.