Les syndicats se sont engagés à retenir le pays sur les changements proposés, qui incluent le relèvement de l’âge de la retraite de 62 à 64 ans et l’augmentation du nombre d’années pendant lesquelles les travailleurs doivent payer des cotisations pour recevoir une pension complète.
« J’appelle tous les salariés, citoyens et retraités du pays qui s’opposent à la réforme des retraites à manifester en masse », a déclaré lundi le président du syndicat CFDT, Laurent Berger, à la radio France Inter.
Il a ajouté que « le président ne peut pas rester sourd » face aux protestations.
« Il y a un énorme mouvement social aujourd’hui… et il faudra une réponse politique. »
Le président a placé le plan au centre de sa campagne de réélection l’année dernière, et son gouvernement affirme que les changements sont nécessaires pour éviter que le système de retraite ne tombe en déficit dans les années à venir.
Mais ils font face à une résistance féroce de la part du parlement et de la rue, près de deux personnes sur trois à travers le pays soutenant les manifestations contre elle, selon un sondage du groupe d’enquête Elabe publié lundi.
Plus d’un million attendu
Depuis mardi, les syndicats ont mis en garde contre les grèves en cours dans les transports publics qui pourraient paralyser certaines parties du pays pendant des semaines.
La police s’attend à ce qu’entre 1,1 et 1,4 million de personnes descendent dans la rue mardi dans plus de 260 localités à travers le pays, a déclaré à l’AFP une source sous couvert d’anonymat.
L’extrémité supérieure de cette fourchette pourrait signifier une opposition plus forte que lors des cinq jours précédents de rassemblements qui ont eu lieu depuis la mi-janvier.
Lors de la plus grande journée de manifestations à ce jour, 1,27 million de personnes ont manifesté le 31 janvier, selon les chiffres officiels.
Les récents rassemblements du mois dernier ont attiré des foules moins nombreuses, mais les syndicats ont parié sur un regain d’énergie mardi alors que toute la France revient de semaines de vacances scolaires.
Les manifestations avaient déjà commencé tôt mardi matin, le Service public d’information de la voirie rapportant qu’une route nationale à Rennes était bloquée par une centaine de manifestants depuis 1h du matin.
Un vidéaste de l’AFP a décrit une scène tendue alors qu’une cinquantaine de policiers anti-émeute se tenaient à l’écart, des incendies, des meubles fondus et des canettes de courses bloquant la route.
Dans un tweet, le syndicat intransigeant CGT a déclaré : « Sur les avenues de Rennes, dans le port de Gennevilliers, au rond-point de Rouen, aux centrales électriques : la veillée pour la grève du 7 mars a commencé. »
A l’approche de mardi, les syndicats ont promis de remettre le pays « à l’arrêt ».
Seul un train régional et à grande vitesse sur cinq devrait fonctionner, tandis qu’un syndicat représentant les travailleurs de la raffinerie s’est engagé à mettre l’économie française « à genoux ».
Les professeurs des écoles doivent également organiser la grève.
La Première ministre Elizabeth Borne a déclaré lundi soir qu’elle respectait le droit des gens à manifester.
Dans un entretien télévisé à France 5, elle a déclaré que l’appel des dirigeants syndicaux à mettre les gens à genoux dans l’économie était « irresponsable » car il punirait en premier lieu les « plus fragiles » de la population.
« besoin de travailler plus longtemps »
Le gouvernement a fait valoir que les changements sont nécessaires pour sortir le système de retraite français du déficit d’ici 2030.
Les propositions rapprocheraient la France de ses voisins européens, dont la plupart ont un âge de la retraite de 65 ans ou plus.
Après des semaines de silence sur le sujet, Macron a déclaré le mois dernier qu’il n’y avait pas de solution « miracle » pour garantir les futures retraites.
« Si nous voulons que ce système dure, nous devons travailler plus longtemps », a-t-il déclaré.
Mais les syndicats affirment que les mesures proposées sont injustes et affecteront de manière disproportionnée les travailleurs peu qualifiés occupant des emplois stressants qui commencent leur carrière tôt.
Selon l’enquête d’Elabe, 56 % des personnes interrogées ont déclaré qu’elles soutenaient les grèves tournantes.
Cinquante-neuf pour cent ont déclaré qu’ils soutenaient l’appel à mettre le pays dans une impasse.
Le projet de loi est actuellement débattu à la chambre haute du parlement, après deux semaines de débats houleux à la chambre basse qui se sont terminés sans vote sur le relèvement de l’âge de la retraite.
Le débat de lundi au Sénat s’est poursuivi bien après 3 heures du matin mardi, alors que la majorité de droite au sein du corps a rejeté les propositions alternatives de financement des retraites avancées par la gauche. La discussion doit reprendre à 14h30.
Le gouvernement centriste espère faire passer la réforme au parlement avec l’aide de la droite, sans recourir à un mécanisme controversé qui contournerait le vote parlementaire mais risquerait d’attiser de nouvelles protestations.
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